Alfredo Cospito est un militant anarchiste italien de 55 ans, incarcéré depuis 2013. Il a été condamné à deux reprises par la justice italienne. En 2022, il est placé sous le régime d’isolement 41-bis, qui est souvent apparenté à de la torture. Depuis le 20 octobre, il est grève de la faim contre ses conditions d’isolement. Cela fait maintenant plus de 6 mois de grève de la faim. Étant donné son état de santé grave, il est pour le moment hospitalisé et hors du régime 41-bis. Le 24 février 2023, la Cour de cassation italienne rejetait le recours de la défense de Cospito contre son régime de détention.

Alfredo Cospito est incarcéré en 2013, car il avait tiré une balle dans les jambes du PDG d’Ansaldo Nuclear, la principale entreprise nucléaire d’Italie. Condamné alors à 10 ans de prison, il sera plus tard à nouveau condamné pour 20 années supplémentaires par la justice italienne car il avait été impliqué en 2006 dans l’explosion de deux colis piégés « à bas potentiel »1devant une caserne de formation de la police. L’explosion de ces bombes n’avait fait ni victime, ni blessé·e. 

En avril 2022, après plusieurs années de détention sous haute sécurité, la justice italienne a décidé de juger Cospito pour « crime contre la sécurité de l’État » et “attentat-massacre”, ce qui a permis sa mise sous le régime de détention 41-bis. Depuis octobre il est en grève de la faim contre ce dernier. Le régime 41-bis, introduit dans les années 80, est une mesure (d’abord provisoire puis devenue permanente) servant à l’origine à empêcher les parrains mafieux de commander la mafia depuis la prison, en limitant au maximum les contacts sociaux. Cette mesure est toujours largement critiquée aujourd’hui en Italie en plus d’être anticonstitutionnelle.2

Sous le régime 41-bis le ou la détenu·e a droit seulement à une courte visite par mois avec les membres de la famille proche, sans contact, derrière une vitre. Les livres et les journaux sont interdits ou extrêmement limités, à l’instar des communications écrites et de toute relation sociale. Bref, le régime 41-bis prive les détenu·es de la majorité de leurs droits et leur promet une longue agonie. 750 personnes en Italie y sont soumises3 (la majorité pour des crimes qualifiés de terrorisme ou de mafia). De nombreux·ses prisonnièr·es révolutionnaires lié·es aux Brigades Rouges sont emprisonné·es sous le régime 41-bis.

« On a appris il y a quelques jours que Cospito ne peut pas « garder dans sa cellule les photos de ses parents décédés du fait que leur identité devrait être formellement reconnue par le maire de sa commune d’origine. » 4

La mise des révolutionnaires, comme Cospito, sous le 41-bis est un acte politique, judiciairement injustifié, qui a pour objectif de briser les corps et la lutte révolutionnaire en Italie. Adriano Sofri, journaliste pour le journal conservateur Foglio, dont LundiMatin dit « on ne peut pas dire que ce soit un camarade »*, commente même « Cospito n’est pas un mafieux, naturellement, mais un anarchiste, suivant sa propre revendication : l’extension du 41bis implique l’assimilation des rapports entre militants anarchistes aux rapports entre membres de la criminalité organisée. (…) On déclare « massacre aggravé » un attentat démonstratif qui ne voulait pas faire de victimes et n’en a fait aucune.« 5

Il ne fait aucun doute qu’Alfredo Cospito fasse l’objet d’un acharnement judiciaire parce qu’il est révolutionnaire. Il n’en fait également aucun autre sur le fait que le régime 41-bis est inhumain, de l’ordre de la torture, et qu’il doit cesser. En ce sens et en solidarité avec la grève de la faim d’Alfredo Cospito, une mobilisation a été organisée à l’initiative de Classe Contre Classe (C3) et du Front d’Action Révolutionnaire (FAR) à Bruxelles, ce vendredi 24 février devant l’ambassade d’Italie. 

Le mardi 21 mars, Alfredo Cospito a été victime d’une crise cardiaque. A ce stade-ci de sa grève de la faim, Alfredo Cospito aura certainement des séquelles irreversible neurologique et physique, s’il survit.

Plusieurs actions étaient organisées dans différents pays d’Europe en soutien à Cospito à la date du 24 février car la Cour de cassation italienne devait rendre une décision sur le prolongement ou non du régime 41-bis pour Alfredo Cospito. Sans étonnement, elle a rejeté le recours déposé à la défense de Cospito contre ses conditions d’incarcération, le condamnant donc certainement à une mort en cellule. Les anarchistes italien·nes l’ont pourtant prévenu : « Si Alfredo meurt, ce sera l’enfer ».6

*Adriano Sofri a été le dirigeant de Lotta Continua, groupe révolutionnaire ouvriériste en Italie. Il a passé plus d’une dizaine d’année en prison. Aujourd’hui il est un intellectuel italien plus exactement aligné sur les positions révolutionnaires, d’où le « dont on ne peut pas dire qu’il soit un camarade ».

Sources :

1, 2, 4, 5 : https://lundi.am/Alfredo-Cospito-anarchiste-italien-en-greve-de-la-faim-depuis-99-jours

3 : https://acta.zone/italie-sur-le-cas-dalfredo-cospito-luttes-anti-carcerales-au-fil-du-temps/

https://secoursrouge.org/italie-belgique-journee-de-decision-et-de-mobilisations-pour-alfredo-cospito/

https://amp.today.it/attualita/alfredo-cospito-cassazione-ultime-notizie.html

Étiquettes

Propulsé par WordPress.com.