Le 12 janvier 2023, Sourour Abouda, belgo-tunisienne et mère d’un enfant de 19 ans, est décédée dans une cellule de dégrisement du commissariat fédéral rue Royale. De nombreuses zones d’ombres entourent encore ce décès, et la famille de Sourour cherche des réponses aux multiples questions que soulève la version policière des évènements. 

Face à cette quête de vérité, la police et la justice ont mis en place une tactique d’épuisement et de pression sur les proches de Sourour. Il s’agit d’une stratégie policière classique pour décourager les familles de victime d’investiguer sur la mort de leur proche. Dans ce cas-ci, les avocat·es n’ont toujours pas eu accès au dossier complet et à l’intégralité des images des caméras, comme témoigne le frère de Sourour, qui explique « On aimerait juste avoir tout ce dossier, c’est juste ça ».

Soumaya, soeur de Sourour, insiste aussi sur le fait que les violences policières ne s’arrêtent pas aux victimes, mais qu’elles s’étendent aux proches.

La tactique d’épuisement ne s’arrête pas là. Les forces de l’ordre ont conseillé à la famille de ne pas faire de contre-autopsie (dont les frais reviennent intégralement aux proches de Sourour), alors que le rapport de la première autopsie n’est  toujours pas révélé. Par ailleurs, plusieurs médecins légistes ont refusé de se livrer à une contre-autopsie; seul un médecin de l’université d’Anvers a accepté … pour plusieurs milliers d’euros. La famille a fini par se tourner vers la Tunisie, où un médecin a fait une autopsie complète, dont les résultats ne sont pas encore connus. 

De plus, la famille de Sourour n’a pas eu de moment de deuil. Ils et elles ont directement dû entreprendre un combat pour la vérité, parce qu’ils et elles faisaient face à un appareil policier distant et peu enclin à donner des réponses, au même titre que la justice. Allan, le fils de Sourour, a dû quitter l’appartement que sa mère louait une quarantaine de jours après le décès. Rien n’a été entrepris par les autorités pour l’aider à trouver un autre logement et à subvenir à ses besoins. 

Autre exemple : la première version des policier.ères parlait d’un suicide par auto-étranglement. Quelques temps après, la magistrate en charge de l’affaire contactait la famille pour expliquer que l’hypothèse du suicide était écartée et que des lésions avaient été constatées sur le corps de Sourour, mais qu’elles ne seraient pas liées au décès. Dans la foulée, la magistrate partait en congé. Elle est restée incontactable pendant six long jours, laissant à nouveau la famille dans le flou.

La police et la justice créent des zones d’ombre et les entretiennent. La famille de Sourour n’a ni le temps de faire son deuil, ni la possibilité d’organiser sereinement la défense, puisqu’elle n’a pas accès au dossier complet. Ce schéma se répète dans pratiquement tous les cas de décès liés aux forces de l’ordre. Comme le dit si bien Allan, « Justice pour Sourour, justice pour une sœur, justice pour une mère, justice pour une bruxelloise … Justice pour tout le monde ». 

Rejoignons nombreu·x·ses l’appel de la famille au rassemblement pour la justice et la vérité pour Sourour, à 15h ce samedi 4 mars à la place Poelaert. Les proches de Sourour appellent à ce que le rassemblement soit serein. Justice pour Sourour ! Justice pour toustes !

Soutenez la famille financièrement dans sa lutte via la cagnotte mise en place par le @mouvement.pac ou bien via l’IBAN suivant : BE8487779458 0159, avec en communication « Justice pour Sourour ».

Sources :

Entretien avec la famille de Sourour

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