Le 20 avril dernier, un riverain de l’Escaut en Wallonie remarque une quantité élevée de poissons morts à la surface du fleuve et alerte les autorités belges. Il s’agit en fait d’une catastrophe écologique majeure. En effet près de 100 % des poissons sur les 36 km de la partie wallonne sont morts. Pour en trouver la source, il suffit de remonter le fleuve jusqu’en France.
Dans la nuit du 9 avril, un bassin de décantation de l’entreprise Tereos à Cambrai se rompt et déverse 100 000 mètres cubes d’eau usées dans l’Escaut. L’entreprise a dû s’en apercevoir le lendemain matin, voir immédiatement. Il faudra tout de même 6 jours pour que l’Office français de la biodiversité soit mis au courant. C’est encore 5 jours plus tard, 11 jours après l’accident, que les autorités belges le sont également, par le biais d’un riverain et non d’une communication officielle.
La biodiversité dans le fleuve y est donc anéantie par la faute de cette entreprise et par le manque total de communication d’abord de la part de l’entreprise et ensuite internationale. Une communication efficace aurait permis par exemple, la pose d’un barrage et cette catastrophe aurait pu être en partie évitée.
L’anéantissement de la biodiversité du fleuve a donc été causé par cette entreprise, son manque total de communication et, par la suite, par le silence de l’Office français de la biodiversité. Comme si les catastrophes écologiques ne passaient pas les frontières. Une communication efficace aurait permis, par exemple, la pose d’un barrage pour minimiser l’ampleur des dégâts.
Le pollueur risque maintenant jusqu’à 1 million € d’amende mais quelles sont les chances pour qu’il soit vraiment amené à les payer, alors qu’on estime qu’il faudra 3 ans avant un retour à la normale en Wallonie ? Dans un autre cas de pollution d’une rivière datant de 2011, alors que 500 000 € d’amende avait été requis contre l’entreprise « L’Étoile du Vercors » coupable de la pollution. Celle-ci n’a finalement été condamné à payer que 55 000 € d’amende.
Rappelons ici que la dynamique d’externalisation des coûts écologiques de la production est une norme du capitalisme. L’idée est simple : la production entraîne des “coûts écologiques” (la pollution, la destruction de la biodiversité, par exemple, entraînent des hospitalisations, des changements climatiques notoires, … ). Ces coûts ne seront que très rarement assurés par les entreprises polluantes, notamment parce qu’il est impossible de les quantifier (Quelle entreprise a provoqué quel désastre écologique? Quelle entreprise est responsable de quelle partie des millions de morts dûs à la pollution de l’air?). C’est donc nécessairement le contribuable qui est poussé à payer, que cela soit par l’impôt qui sert à financer l’hôpital public (enfin, ce qu’il reste de l’hôpital public) ou par le paiement pur et simple par le malade du traitement qui lui est administré. Pour une fois, ces coûts sont bien visibles. Nous osons donc espérer que Tereos payera le prix fort. Mais il faudra plus que cela pour enrayer la logique de l’externalisation des coûts écologiques de la production.
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