Début septembre, Tom Van Criekingen, président du Vlaams Belang, s’attaquait violemment aux “enseignants et professeurs de gauche qui tentent à chaque occasion d’incorporer leurs foutaises multiculturelles dans leurs cours”. Il annonce aussi vouloir leur “présenter l’addition en 2024”, année des prochaines élections fédérales belges1.
Le parlementaire s’est exprimé sur TikTok, nouveau grand moyen de communication de l’extrême-droite flamande pour toucher les jeunes. Il a souhaité aux flammand.e.s une bonne rentrée avant de s’en prendre aux enseignant.e.s qui tenteraient, selon lui, de manipuler leur esprit et de les influencer.
Le Vlaams Belang ne s’arrête pas là. Il y a quelques mois, les jeunes du parti ont proposé la création d’un site pour dénoncer les profs “de gauche”, en appelant à envoyer des photos et des vidéos de ceux et celles-ci, un procédé totalement illégal. Ce type d’intimidation semble donc être dans la logique du parti.
La définition d’un.e “enseignant.e de gauche” est floue, mais Van Criekingen semble parler des profs qui défendent la multiculturalité et qui critiquent le Vlaams Belang2. Pourtant, la réglementation flamande appelle à un apprentissage à la citoyenneté, notamment au moyen d’une éducation à la pluralité des cultures3. L’idée serait-elle de modifier cette réglementation si le parti arrive au pouvoir en 2024 ?
Les intentions du Vlaams Belang sont claires. Le parti cherche à lancer deux dynamiques en Flandre : d’un côté, une intimidation généralisée envers toute personne s’opposant aux idées d’extrême-droite ; d’un autre côté, un climat de dénonciation de ces mêmes personnes. Les sorties comme celle de Van Criekingen et celle des jeunes du parti servent à planter les graines, petit-à-petit.
Quoiqu’il en soit, les menaces du Vlaams Belang ne sont pas à prendre à la légère. Le parti est encore monté en puissance depuis les dernières élections, preuve supplémentaire du glissement vers le fascime que nos sociétés ont entamé depuis plusieurs années. Il s’agit d’y faire barrage et d’organiser une réponse collective face à ces pratiques et idées nauséabondes.
3 art. 139, §2, 7° du Code de l’enseignement secondaire