L’assassinat de George Floyd, froidement perpétré par la police américaine, nous a tou·te·s profondément choqué·e·s et mis·e·s en colère, une colère et une incompréhension face au racisme et à la violence de la police américaine. Mais ici aussi, la police est raciste et sexiste. Ici aussi la police tue, la récente mort d’Adil, notamment, en témoigne.
Une enquête récente au sein de la police belge démontre avec force le racisme et le sexisme systémique des forces de l’ordre. “Systémique” signifie que cela fait système, que ce n’est pas un problème propre à certains “mauvais policiers” mais bien un problème profondément ancré dans l’institution policière en elle-même. Commençons par les chiffres: un·e policier·ère sur trois a été harcelé·e moralement. Une policière sur 4 a été harcelée sexuellement sur son lieu de travail1. Et ces données sont sûrement encore en deçà de la réalité, vu les pressions qui sont mises sur les agent·e·s pour ne pas témoigner.
Le harcèlement moral est particulièrement utilisé pour empêcher les policier·ère·s de témoigner de comportements racistes ou violents de leurs collègues. Dans ces cas-là, la hiérarchie joue un rôle central pour couvrir les responsables : un policier raconte par exemple s’être vu répondre “tout ce qui se passe en bas reste en bas, tu fermes ta gueule” par son chef, lorsqu’il soulevait qu’une personne menottée se faisait frapper sans raison1. Une policière explique aussi qu’un inspecteur principal l’a menacée de lui faire perdre son grade si elle ne couchait pas avec lui. Son refus a entraîné que son supérieur la surcharge de travail2. Un autre confesse que “il n’y a pas un jour qui se passe sans que j’entende des termes du style “nègre”, “bougnoule”, …”1.
Par ailleurs, les forces de l’ordre bénéficient aussi d’une protection au niveau de la justice: le comité P, chargé d’investiguer les plaintes envers les policiers, les balayent régulièrement. Un exemple parmi tant d’autres : celui d’un éducateur saint-gillois « Notre éducateur John s’est fait arrêter juste parce qu’il filmait une intervention policière. On l’a attrapé par le cou, on lui a pris son téléphone, ses images. Il a porté plainte au Comité P. Cela a été balayé. On l’a accusé d’incitation à l’émeute. Mais quand ils ont vu qu’il était soutenu par l’institution, qu’il avait un avocat… ils ont laissé tomber »4.
La police, structurellement, est une institution raciste, homophobe et sexiste. Il suffit de comprendre que les comportements allant en ce sens, que cela soit des faits de violence psychologique ou physique, sont connus, couverts, voir encouragés par la hiérarchie pour le comprendre. Et c’est cette institution qui est censée s’assurer de la sécurité des citoyen·ne·s. Se pose alors une question à laquelle nous n’avons pour l’instant pas de réponse : “Qui nous en protège?”.
Sources:
(1)https://www.rtbf.be/auvio/detail_investigation?id=2640030
(2)https://www.rtbf.be/…/detail_harcelement-sexuel-a-la-police…
(3)https://www.lalibre.be/…/le-mal-etre-de-la-police-belge-pas…