Dimanche 31 mars dernier, une manifestation organisée dans le cadre de la semaine du Housing actions days (du 30 mars au 7 avril), avait lieu dans les rues de Bruxelles. Plusieurs centaines de personnes se sont mobilisées afin de dénoncer les conditions actuelles de logement à Bruxelles. En marge de la manifestation, le bâtiment du Syndicat National des Propriétaires et des Copropriétaires (SNPC) a été aspergé de peintures, et s’est vu décoré d’un « Vous empochez, on crève ! Baissez les loyers ».
Dans le cadre de cette manifestation pour le droit au logement, les militant·es ont revendiqué une baisse immédiate des loyers des ménages bruxellois, un encadrement strict de ceux-ci, l’abolition des expulsions, une augmentation drastique du nombre de logements sociaux et la fin de la domination des propriétaires bailleurs* sur les locataires1.
Par ailleurs, le SNPC, en tant que syndicat national des propriétaires, apparaît comme le représentant de ceux qui dominent et profitent d’un marché locatif ultra libéralisé. Ce même syndicat défend une diminution de la taxation des revenus locatifs et une baisse des droits de succession tout en s’opposant à toute mesure qui permettrait d’encadrer ou de négocier le prix des loyers. En défendant les intérêts économiques de propriétaires bailleurs qui prônent une libéralisation du marcher locatif, celui-ci représente un des acteurs importants de la crise actuelle du logement à Bruxelles.
En outre, dans la nuit du 30 au 31 mars, une quinzaine d’agences immobilières, décrites par les militant·es comme « symboles même du logement comme marchandise », ont été ornées de graffitis et leurs serrures sabotées dans les communes d’Ixelles, Forest et Uccle. Ces actions visaient également à rappeler que la « crise » constitue le caractère systémique de la marchandisation des logements : de la restriction à la pénurie2.
Aujourd’hui, Bruxelles est la ville belge avec le plus haut taux de propriétaires par rapport aux locataires, et compte approximativement 60% de propriétaires. Il convient de porter un regard d’autant plus avisé et critique sur les propriétaires bailleurs* qui exercent une pression immobilière importante en possédant souvent plus d’un bien locatif.
Rappelons qu’une crise aggravée du logement est présente aujourd’hui à Bruxelles. Les loyers sont en constante hausse depuis la fin des années 1980 tandis que les ménages précaires dépensent une part toujours plus importante de leurs revenus dans le payement de loyers devenus insoutenables financièrement. Depuis 1985 le loyer moyen bruxellois a augmenté de 20% tous les dix ans3. Aujourd’hui, les 25% des ménages les plus précaires dépensent plus de 40% de leur budget dans leurs loyers et 1 ménage sur 6 reporte certains de ses soins de santé pour des raisons financières.
Ces chiffres sont le reflet de politiques publiques qui ont sans cesse encouragé la libéralisation du marcher locatif bruxellois au détriment des groupes sociaux les plus précaires. Les récentes politiques de gentrification mises en place par la Ville de Bruxelles comme le Plan Canal ou les aménagements du métro 3 ont pour but de rendre la ville la plus attrayante possible aux yeux des classes les plus aisées, tandis que les classes populaires font face à une détérioration de leurs conditions de vie. Un besoin immédiat réside pourtant dans la construction de logements sociaux et la mise en place de politiques pour une meilleure protection des intérêts des locataires. Aujourd’hui 100 000 personnes sont en attente d’accès à un logement social pour une attente moyenne d’environ 12 ans, et chaque jour, 11 ménages sont expulsés de leur domicile.
La question du droit au logement, comme celle de la santé et de l’éducation, est une question éminemment centrale, qui ne suffit pas d’être discuté une fois par an lors de cette manifestation. Le logement est un bien essentiel et structurant du quotidien de tout individu, et il n’est pas entendable que cette question n’appartienne qu’à une poignée de propriétaires et de politiques qui, jusqu’ici, n’ont fait qu’aggraver la situation.
Légende :
Propriétaire bailleur : Désigne une personne qui possède un ou plusieurs biens immobiliers et qui les met en location.
Sources :
1) Youtube : Hugo Perilleux au collège de Belgique (1)
2) https://stuut.info/Vos-vitrines-sont-nos-cauchemars-3518
3) Communiqué de l’action
