Samidoun est une organisation internationale qui lutte pour la visibilisation et la médiatisation des prisonier·ères palestinien·nes. Le jeudi 2 novembre, la ministre de l’Intérieur allemande a annoncé l’interdiction et la dissolution de Samidoun en Allemagne. En France, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a entamé une procédure de dissolution à l’encontre du collectif Palestine Vaincra (aujourd’hui suspendue) tandis qu’en Belgique, les autorités font planer une menace de dissolution sur Samidoun, sous la pression de l’extrême droite israélienne.
Vers la fin du mois de novembre, le ministre israélien Amichai Chikli (membre du parti politique « Likoud » classé à l’extrême droite et dont Benjamin Netanyahou est le président) a adressé deux lettres à la ministre de l’Intérieur belge Annelies Verlinden (CDEV) au sujet de Samidoun Brussel. Il y demande l’interdiction totale de cette organisation sur le territoire belge ainsi qu’une augmentation de la surveillance à l’égard de Mohammed Khatib qui en est le coordinateur européen. Celui-ci risque, dans le pire des cas, de voir son statut de réfugié être rompu et de devoir retourner au Liban.
Ces différentes demandes adressées à la ministre de l’Intérieur n’ont pas manqué de faire réagir l’extrême droite belge. Ainsi, le député anversois de la NVA Michael Freillich tente de faire pression sur Annelies Verlinden, en lui demandant une réponse directe à la requête formulée par l’extrême droite israélienne. Pour le moment la situation est en suspens et la ministre de l’Intérieur dit ne pas vouloir intervenir tant que ce n’est pas nécessaire. Toutefois, elle déclare maintenir la surveillance à l’encontre de Samidoun et spécifiquement celle de Mohammed Khatib.
Après la France et l’Allemagne, il semblerait que l’opposition israélienne à la résistance continue de gagner de l’influence auprès des sphères politiques belges et européennes. Cette pression et l’augmentation de la surveillance à l’encontre de Mohammed Khatib constituent une atteinte claire au mouvement local de lutte pour le droit du peuple palestinien. Cette pression représente les liens étroits entre les pouvoirs politiques israéliens et occidentaux.
L’organisation Samidoun construit un réseau de solidarité avec les prisonnier·ères palestinien·nes dans leur lutte pour la liberté et la libération de la Palestine. Cette organisation s’est développée à partir de la grève de la faim de septembre 2011 des prisonnier·ères palestinien·nes dans les prisons israéliennes, après que la résistance ait perçu la nécessité d’un réseau dédié pour soutenir les prisonnier·ères palestinien·nes1. Ainsi, Samidoun s’efforce quotidiennement de fournir des informations sur leurs combats et leurs conditions de détention par le biais d’événements, de délégations et de ressources.
Le fait qu’une menace de dissolution plane autour de Samidoun et que les autorités augmentent la surveillance autour de l’organisation a pour objectif premier d’intimider ses membres et, ainsi, de ne plus laisser de place aux forces radicales du mouvement de résistance palestinienne. Ce processus va de paire avec la répression policière à l’encontre du mouvement palestinien.
Il semble peu probable que Samidoun soit réellement dissout à Bruxelles tant le cadre législatif propre à la dissolution d’une organisation en Belgique est différent de la France et l’Allemagne. En effet, le cadre législatif belge propre à la dissolution d’organisations politiques ne s’attaque pas à la « reconstitution de ligue dissoute », ce qui veut dire qu’une fois dissoute une organisation n’aurait qu’à changer de nom et que les membres pourraient continuer à se rassembler. C’est le cas du Vlaams Blok qui après condamnation en justice pour des fait de racisme est devenu le Vlaams Belaang, sans pour autant changer de ligne politique interne.
De plus, en Belgique, pour qu’une organisation soit interdite et passe en justice, il faut impérativement qu’elle réponde au minimum à un des trois critères suivants : le fait qu’une organisation soit reliée à une milice, qu’elle soit liée à des formes de terrorisme ou encore qu’elle prône ouvertement toute forme de discrimination directe. Samidoun Brussel ne répond à aucun de ces trois critères.
Cette prétendue menace de dissolution, amplifiée par l’extrême droite flamande, s’affiche alors comme un moyen d’intimidation pour faire encore un peu plus taire le mouvement palestinien à Bruxelles. Celle-ci intervient alors que de nombreuses violences policières ont eu lieux lors des différents rassemblements en hommage au peuple palestinien au cours des dernières semaines.
