Les ZAP GAMES sont de retour : Appel à combattre la pub à Bruxelles

   

Ce lundi 13 novembre, deux semaines avant le BlackFriday, les ZAP Games sont de retour à Bruxelles. C’est la 4ème édition de ce grand « jeu d’action et de subversion contre la pub et son monde ». L’idée est simple : s’en prendre aux publicités dans l’espace public par tous les moyens. Tourné sous forme de concours, chaque équipe peut participer pour remporter un prix dans diverses catégories : le plus gros panneau, le plus grand nombre de panneau, le meilleur panneau numérique, …1 Dans la nuit de dimanche à lundi, des militant·es anti-pub ont déjà remplacé plus de 500 affiches publicitaires avec des messages en soutient à la Palestine.

Cette 4ème édition des ZAP Games intervient dans un contexte particulier : le contrat entre la Région bruxelloise et JCDecaux arrive bientôt à son terme. La Région va donc bientôt pouvoir statuer sur la poursuite ou non d’un partenariat avec des entreprises privées pour la gestion d’une partie des publicités dans l’espace public. Le collectif « Bruxelles Sans Pub » rappelle que la publicité nuit à la santé mentale et à l’environnement. Par ailleurs, selon une étude britannique, « quelque soit le le montant perçu par la ville pour un contrat publicitaire, le coût des répercussions (environnementales, sociales, sanitaires, etc) reste supérieur »2.

La publicité est aujourd’hui omniprésente dans nos vies : elle remplit nos boites aux lettres et nos crânes. Elle est le moteur du système capitaliste qui, en poussant à la consommation, assure son développement. L’espace public représente un terrain fertile pour les intérêts privés, dont l’Etat se charge de distribuer les parts jugées rentables. Ainsi, lorsque la Région bruxelloise passe un contrat avec JCDecaux, elle soutient le processus de marchandisation de l’espace public.

Forme de pollution visuelle, la publicité a également un coût écologique. D’un côté par sa consommation énergique importante, et d’ un autre par le soutient qu’elle apporte à la production et la consommation de masse. Contrairement à l’idée que la demande créé l’offre, les entreprises capitalistes s’efforcent de créer à travers la publicité de faux besoins, et donc générer de la demande. Selon le rapport de l’agence française ADEME de 2020, la consommation annuelle d’un écran publicitaire numérique de 2m² est presque équivalente à la consommation moyenne d’un ménage français3

La publicité représente d’une part, un moyen de pousser à la (sur)consommation et à la (sur)production, et, d’autre part, d’imposer une culture du tout-marchand, de la nécessité de travailler pour pouvoir consommer et donc exister. Par ses logiques agressives, la publicité produit des informations violentes à caractère raciste, grossophobe*, élitiste, validiste* ou sexiste. Et c’est bien un de ses objectifs, stratifier et discriminer pour pouvoir présenter la consommation comme remède à ces problèmes. Il ne sert à rien d’espérer de la part des publicitaires une prise de conscience lorsque la pub présente de fausses solutions aux problèmes dont elle est en partie responsable. 

Les dispositifs publicitaires de JCDecaux et Clear Channel reposent sur des stratégies pensées pour maximiser leur audience et leurs gains. Le mobilier urbain représente une opportunité en or : afin de développer sa publicité, JCDecaux garantit l’installation et la maintenance gratuite des abribus, ce qui lui permet d’y insérer ses publicités en toute liberté. Quant à Clear Channel, elle présente sur son site les analyses socio-comportementales qu’elle déploie pour faire consommer. Sous couvert de plus d’attractivité pour les villes, elle garantit à ses potentiels clients que « 82% de [leur] campagnes fait vendre »4

Certaines métropoles européennes ont déjà pris des mesures contre la publicité. En 2014, la municipalité écologiste de Grenoble décidait justement de ne pas renouveler son contrat publicitaire avec JCDecaux. Malgré les pressions exercées par la multinationale, 326 panneaux publicitaires étaient démontés à la fin de l’année. Cette année, à Rennes, les casses répétées des affichages publicitaires par les manifestant·es ont poussé Clear Channel a temporairement arrêté leur réparation jugeant les coûts trop importants. Ainsi, un des responsables de Clear Channel rappelle qu’une vitre coûte entre 200 et 300 euros, et l’entièreté du mobilier est estimé à environ 15 000 euros pour un seul panneau publicitaire5.

A l’appel de plusieurs collectifs, dont « Bruxelles sans pub », la pétition pour la fin de la pub à Bruxelles a recueilli plus de 1000 signatures. Elle obligera prochainement les député·es bruxellois·es à discuter du renouvellement ou non du contrat entre JCDecaux et la région de Bruxelles. En outre, les ZAP Games invitent à participer à des actions plus directes de lutte contre la publicité, de subversion ou destruction. Tout autant de moyens de mettre un terme à la publicité dans nos métropoles, en se réappropriant l’espace public à Bruxelles et en soutenant les luttes actuelles. 

Légende : 

    * Grossophobie : Attitude de discrimination envers les personnes obèses ou en surpoids

    * Validisme : Oppression envers les personnes vivant un handicap

Sources : 

1) https://zapgames.net/

2) https://stop-pub-bruxelles.be/#la-petition

3) https://librairie.ademe.fr/recherche-et-innovation/3871-modelisation-et-evaluation-environnementale-de-panneaux-publicitaires-numeriques.html   

4) https://www.clearchannel.fr/nos-solutions/l-analyse-socio-comportementale-pour-des-offres-sur-mesure https://www.clearchannel.fr/nos-solutions/le-mobilier-urbain-de-clear-channel-instrument-de-valorisation-et-d-attractivite-des-villes

5) https://expansive.info/Les-manifestant-es-rennais-es-obtiennent-la-defaite-provisoir-de-Vlear-Channel-3890

Comptes à suivre : 

@bruxellessanspub