Seconde action Code Rouge : le chantier de la future centrale à gaz d’Engie occupé (pendant) 4 jours

   

Mercredi 5 juillet 2023, aux alentours de 18h, plus de 400 militant·es écologistes convergeaient vers le chantier de la future centrale à gaz de l’entreprise énergétique Engie non loin de Flémalle (à proximité de Liège). Venu·es des quatre coins de la Belgique, les militant·es se réunissaient dans le cadre de la seconde action « Code Rouge ». En Octobre 2022, c’est le site de Total à Feluy qui avait été bloqué ; cette fois-ci, c’est le chantier de la future centrale à gaz de Flémalle qui était visé, notamment pour pointer du doigt les bénéfices colossaux engrangés par Engie sur le dos de millions de personnes depuis 2022.

Pour bloquer le chantier de la future centrale, Code Rouge a divisé les militant·es en trois groupes d’intensités et de risques variés afin d’avoir la certitude dentrer sur le site par au moins une des trois portes ciblées. Ainsi, un premier groupe qui devait compter un peu moins d’une centaine d’individus a dû braver illégalement de nombreuses portes et accès pour finalement se hisser sur le site de la future centrale à gaz. Un deuxième groupe plus massif et moins mobile a rejoint le premier une fois le travail d’ouverture accompli tandis que le dernier groupe est arrivé en dernier après avoir fait face à des contrôles de police sur son chemin. 

Après l’entrée des militant·es sur le site, les forces de l’ordre ont été dépassées, probablement parce que les risques d’une intervention étaient trop importants en vue du nombre d’engins qui s’y trouvaient et de la fragilité de ceux-ci. Une forte présence policière était tout de même installée à l’extérieur et un hélicoptère n’a cessé de prendre des images durant toutes les premières heures de l’action. Les militant·es présent·es à l’intérieur ont débuté un « contre chantier » dès leur arrivée. De nombreuses barricades ont été construites aux quatre portes les plus importantes et la construction du campement a directement commencé. 

Cette action de désobéissance civile de masse s’inscrit dans un mouvement écologiste international. On peut souligner le fait que Code Rouge semble avoir revu son consensus d’action : une pluralité de moyens d’actions était cette fois-ci acceptée, tant que l’objectif final, à savoir le blocage de la centrale, était effectué. Les récents événements advenus lors des actions des Soulèvements de la Terre en France ont vraisemblablement donné de l’inspiration à des organisations comme Code Rouge qui prônaient, initialement, la non-violence comme unique moyen d’action. 

L’occupation du chantier de la future centrale à gaz a duré jusqu’au samedi 8 juillet à 12h, date et heure limites que les organisateur·rices avaient fixés dans le cas où les forces de l’ordre ne procédaient pas à l’évacuation. En effet, les centaines d’activistes présent·es ont permis de bloquer ce gigantesque chantier pendant plus de 4 jours et, ce, sans la moindre arrestation. De plus, au moment du départ de l’action, la totalité des sites d’Engie en Belgique étaient mis à l’arrêt par l’entreprise parce qu’elle savait qu’une action allait avoir lieu mais elle n‘en connaissait pas la cible.

Cette action de masse a permis de souligner qu’Engie est une des entreprises les plus polluantes à l’échelle nationale. De plus, en 2022, Engie a reversé pas moins de 3,4 milliards d’euros de dividendes à ses différent·es actionnaires tandis que les prix de l’énergie ont explosés depuis le début de la guerre en Ukraine. Consommer de l’énergie devrait être un droit fondamental pour chacun·e mais le secteur de l’énergie sert aujourd’hui à assurer des profits colossaux pour une infime partie de la population. Selon les militant·es, une énergie propre et renouvelable à bas prix ne pourra se faire qu’en reprenant le contrôle sur la production des mains de géants comme Engie.

L’action revendique un partage équitable des biens énergétiques qui passera par une régulation des prix de l’énergie mais aussi une réquisition des superprofits réalisés par Engie, afin de financer une réelle conversion énergétique et non de fausses promesses faites à coups de greenwashing. Ce n’est pas la première fois que des militant·es pointent du doigt Engie par rapport à ses superprofits. Une action avait été organisée dans les sièges des trois différents partis du gouvernement bruxellois en février, une autre au siège d’Engie à Bruxelles en octobre et une dernière pendant cette deuxième édition de Code Rouge, dans ce même siège d’Engie, où 120 syndicalistes et militant·es se sont réuni·es pour le bloquer. 

L’action est une belle réussite. Ces quatre jours d’occupation ont été réalisés sur un site particulièrement stratégique vis-à-vis de la lutte écologique et sociale contre la catastrophe en cours. Cependant, ce genre d’action montre ses limites : elle permet de retarder un chantier de quelques jours, mais pas de l’arrêter. C’est pour cette raison que le mouvement écologiste français a décidé de multiplier les actions sur le long terme (sans respecter les limites fixées par la police ou le gouvernement). Les Soulèvements de la Terre, par exemple, ont appelé à multiplier et diversifier les types d’actions.

sources : 

-Les militants de Code Rouge continuent de bloquer la construction de la future cenrale au gaz d’Engie à Flémalle: « Du côté politique, c’est le vide » – La Libre

-Média – Code Rouge/Rood (code-rouge.be)

-Le-siege-dEngie-bloque-a-Bruxelles.pdf (code-rouge.be)

-ɪʀʀᴜᴘᴛɪᴏɴ (@irruption_webmedia) | Instagram

Crédit photo : Brieuc Van Elst, @vision_by_tfx