Woluwé-Saint-Lambert : Le Comité des femmes sans papiers expulsé sans considération pour leurs besoins et leur dignité

   

Ce mardi 14 mai, 30 femmes et 10 enfants qui occupaient l’ancien hôtel Monty à Woluwe-Saint-Lambert depuis 5 mois ont été expulsé·​​​​​​​es. Les méthodes d’expulsion, le mensonge du Bourgmestre et les conditions indignes de relogement ont des répercussions psychologiques et physiques sur ces femmes sans papiers.

Alors que l’avis d’expulsion mentionnait 8h, un impressionnant déploiement policier est arrivé dès 5h du matin, demandant aux occupant·es de quitter le lieu dans l’urgence. L’une d’entre elle a par exemple été surprise par les policiers dans sa chambre, sans avoir l’occasion de s’habiller, forcée de rejoindre le groupe avec seulement un t-shirt sur elle. Ces pratiques douteuses, qui ne respectent pas l’heure annoncée sur le document légal, ont pour but de contourner les mobilisations citoyennes qui ont déjà pu empêcher des expulsions. Les occupant·es nous ont confié être encore sous le choc de l’intervention des forces de l’ordre, épuisées par le stress. Elles se sentent également trahies par le bourgmestre Olivier Maingain qui avait promis un relogement, alors qu’à ce jour aucune solution viable n’a été proposée.


C’est en janvier 2024 que le Comité des femmes sans papiers s’est installé dans cet ancien hôtel alors vide depuis quelques mois. Il avait auparavant servi à accueillir des Ukrainien·nes, suite à un accord avec la Région. En mars dernier, la justice de paix avait accordé au Comité un délai de grâce jusqu’au 15 avril, suite à la demande d’expulsion introduite par le propriétaire qui avait refusé un compromis avec la Région qui pouvait couvrir les charges d’eau et d’électricité. Le Bourgmestre s’était alors engagé à fournir aux occupant·es un lieu ou vivre de manière digne et sereine. Il a par après déclaré ne pas avoir d’autres bâtiments à mettre à disposition dans sa commune, renvoyant la responsabilité à la Région et Fedasil (Agence fédérale pour l’accueil des demandeu·​​​​​​​se·​​​​​​​rs d’asile).


Suite à l’expulsion de ce mardi, les femmes et enfants ont été emmené·es vers 8h30 devant le Centre Ariane de Fedasil qui n’était pas prêt à les accueillir. Dans ces jeux politiques entre Région, Bourgmestre et Fedasil, les femmes ont ainsi été utilisées par l’un pour faire pression sur l’autre, sans considération pour leurs besoins et leur dignité. « On en a marre d’être l’objet de jeux politiques », réagit le Comité des femmes sans papiers. « Ils nous promettent des solutions, mais finalement on se retrouve à chaque fois dans une situation stressante où on ne sait pas si on va se trouver à la rue le lendemain. Les pouvoirs politiques se renvoient la balle, et nous voilà maintenant dans le flou le plus total, sans nos affaires, tirées brutalement de notre lieu de vie. »


Le Comité des femmes sans papiers alerte sur les conditions d’accueil du Centre d’Ariane de Fedasil. Les douches situées à l’extérieur du bâtiment ne sont pas autorisées pour ces femmes. Elles doivent donc aller aux douches du CPAS, situé à plus d’un kilomètre, accessible seulement entre 10h et 13h. Pour les femmes qui travaillent et les enfants à l’école, il n’est pas possible de se laver. Il n’y a aucune cuisine dans le centre, elles sont donc dépendantes du CPAS où elles doivent se rendre pour prendre des repas. Comme le centre est excentré, certain·es enfants font plus d’une heure de trajets pour se rendre à l’école. Les aller-venues de ces femmes sont contrôlés, la porte est fermée de manière aléatoire par le vigile, les privant de leur autonomie. Par ailleurs, le listing que Fedasil utilise pour autoriser les entrées au bâtiment est incomplet. Certaines femmes, dont des femmes enceintes et jeunes mamans, ne sont pas « listées » officiellement et se voient refuser l’accès au centre. L’électricité est coupée la nuit, ajoutant une couche non-nécessaire d’infantilisation et de contrôle sur le groupe. L’aile des femmes n’est pas sécurisée par rapport au reste du bâtiment, ce qui laisse la possibilité aux habitant·es des autres étages de rentrer dans leur aile à n’importe quel moment. Elles ont du mal à avoir accès à des soins de santé ou des simples médicaments. Personne n’est suivi médicalement alors qu’il y a des personnes agées qui font de l’hypertension.

Actuellement, la Région leur promet un bâtiment avec douches, toilettes et cuisine. Elles attendent plus d’informations pour s’organiser.

Toutes ces conditions pénibles rendent la situation indigne et humiliante. Elles reflètent les approches paternalistes et racistes de nos politiques vis-à-vis des personnes sans papiers en Belgique. 

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