Mobilisation : B19, Bernard Quintin et l’extrême droite le 13 janvier a Bruxelles

   

« La sécurité est notre première liberté »

B19, là où la bourgeoisie prépare son alliance avec l’extrême droite

Le 13 janvier, Bernard Quintin (Ministre de l’Intérieur, MR) présentera son projet de loi pour permettre la dissolution d’organisations au B19, le club d’affaires de John-Alexander Bogaerts. Le B19 est un carrefour entre le monde politique et celui de la bourgeoisie belge, des grands patrons, un carrefour qui souhaite orienter la classe dominante belge vers l’extrême droite et accélérer la fascisation du pays.

Cette rencontre illustre la dangereuse proximité entre politiques sécuritaires et réseaux d’extreme droite. Le B19 est un lieu tout trouvé pour cette loi liberticide qui entend s’attaquer aux organisations de gauche jugées « radicales » par l’exécutif, sans passer par la justice. Dans le viseur du gouvernement : la gauche et des organisations communautaires musulmanes, d’abord.

Cet article a pu être rédigé grâce l’important travail d’enquête réalisé par le collectif antifasciste Vigilance Cordon Sanitaire.

« La sécurité est notre première liberté »

Le titre de la conférence annoncée au B19 d’Ixelles ne laisse aucune place au doute. « La sécurité est notre première liberté » reprend quasi mot pour mot le slogan historique du Front National de Jean-Marie Le Pen : « La sécurité… première des libertés« .

Qu’un ministre de l’Intérieur choisisse de paraphraser l’extrême droite française pour présenter son projet de loi devrait déjà alerter. Qu’il le fasse dans un lieu notoirement lié aux réseaux conservateurs et réactionnaires racistes d’extrême droite belges et français achève de lever toute ambiguïté.

Bernard Quintin viendra donc défendre son projet de loi devant un parterre de businessmen et de notables, dans un espace où se croisent régulièrement figures du Mouvement Réformateur et sympathisants de l’extrême droite franco-belge. Un choix de lieu qui n’a rien d’anodin.

Le B19, là où la bourgeoise prépare son alliance avec l’extrême droite

Propriété de John-Alexander Bogaerts, héritier de la bourgeoisie bruxelloise industrielle et promoteur de l’extrême droite, le B19 se présente comme une chaîne de clubs d’affaires dédiée au networking des PME. Avec 19 « bases » à travers la Belgique et le Luxembourg, plus de 2000 membres revendiqués et 150 événements par an, le réseau B19 est devenu en une décennie un véritable club d’influence des réseaux réactionnaires.

C’est aussi un carrefour où se rencontrent élites économiques, politiques médiatiques… et figures de l’extrême droite. Éric Zemmour y a été accueilli dès 2014, malgré sa condamnation pour provocation à la discrimination et haine raciale. Alain Destexhe, transfuge du MR passé dans l’équipe de campagne de Zemmour, y anime régulièrement des conférences. Mathieu Bock-Côté, chroniqueur vedette de CNEWS, y est un habitué. Aymeric de Lamotte, avocat réactionnaire et membre de l’Institut Thomas More financé par le milliardaire d’extrême droite Pierre-Édouard Stérin, y organise ses événements.

Le B19 a même accueilli en 2024 les militantes transphobes Dora Moutot et Marguerite Stern, avant que la mobilisation antifasciste ne force la délocalisation de l’événement. Plus récemment, en novembre, c’est Adrien Dolimont (MR), ministre-président de Wallonie, qui honorait de sa présence une soirée au B19 de Liège, démontrant que ces fréquentations ne posent aucun problème à la classe politique. On retrouve également dans les invités du B19, des personnalités politiques comme Sophie Wilmès (MR) et Thomas Dermine (PS). Signe qu’au sein des partis politiques traditionnels, de la droite à la gauche, la fascisation de la Belgique ne rencontre pas de frontière idéologique.

Le B19 est un lieu où des acteur·rices économiquement puissants comme John-Alexander Bogaerts, essaient de faire infuser leur projet réactionnaire dans le monde des élites belges, économiques et politique. C’est un espace de rencontre entre idéologie fascisante, patron·nes et personnalités politiques influentes. C’est là que l’éventualité d’un mode de gestion fasciste du système capitaliste en Belgique, arrive à se dessiner.

« L’extrême droite ne débarque jamais uniquement avec des grosses bottes et des slogans racistes. L’extrême droite, c’est également un ensemble d’idées conservatrices, de pensées élitistes et réactionnaires présentes au sein de la petite et grande bourgeoisie qui préfèrent l’ordre et les systèmes de dominations – capitalistes, racistes, sexuels et genrés – aux idéaux progressistes. L’extrême droite n’arrive pas uniquement par les urnes mais également par les alliances, compromissions et aveuglements des élites.« , Vigilance Cordon Sanitaire.


John-Alexander Bogaerts, un héritier de la bourgeoisie au service de la fascisation : des liens avec Bolloré le MR et l’extrême droite

John-Alexander Bogaerts, propriétaire du B19 et du journal d’extrême droite PAN, a également racheté le Cercle de Lorraine un lieu historique de la bourgeoisie belge. Le journal d’extrême droite PAN, avait soutenu l’émergence de proposition politique néofasciste comme Chez Nous. PAN donne la parole à des auteurs d’extrême droite, qui mobilisent des « penseurs » nazis comme Carl Schmitt. Le journal a récemment été rejoint par Michel Onfray, essayiste et polémiste français souverainiste et populiste d’extrême droite.

John-Alexander Bogaerts est, en outre, devenu chroniqueur sur CNEWS, la chaîne de Vincent Bolloré qui a écopé de 52 sanctions pour mensonges, propos racistes, islamophobes et climato-sceptiques. Le fils de Vincent Bolloré, Yannick, a notamment été accueilli en 2023 au B19. John-Alexander Bogaerts fréquente Sophie Wilmès, Georges-Louis Bouchez, et toute une frange du Mouvement Réformateur, qui semble trouver parfaitement normal de côtoyer ses amis réactionnaires. Une porosité de plus donc, dans la longue liste d’influences d’extrême droite qui régissent aujourd’hui le coeur du projet politique porté par le parti « libéral ».

Au sein des évènements du B19, MR, est de loin le parti le plus représenté. David Leisther, Françoise Schepmans, Boris Dillès… les photos des cocktails et galas du club d’affaires ressemblent à un annuaire du parti libéral. Yassine Rafik, le « spin doctor« , conseiller en communication et en marketing du président du MR, Georges-Louis Bouchez, est même devenu ambassadeur du B19.

Mobilisation contre la conférence le 13 janvier

Que Bernard Quintin choisisse ce lieu pour vanter son projet de loi « dissolution », n’est donc pas surprenant. Le ministre belge de l’Intérieur emprunte à la fois la rhétorique et les lieux de sociabilité de l’extrême droite pour promouvoir son projet, cela dessine une continuité politique pas étonnante. Le B19, qui a accueilli les figures du RN et de Reconquête, devient ainsi le lieu choisi par Quintin, qui reprend pour lui certains slogans du RN et qui porte des lois antidémocratiques.

Les associations et collectifs, qui alertent sur les dangers du projet Quintin sont précisément ceux que la loi vise à museler. La boucle est bouclée : on criminalise, entre autre, ceux qui dénoncent la proximité avec l’extrême droite, tout en affichant publiquement cette proximité avec cette dernière.

Le collectif Vigilance Cordon Sanitaire appelle à se mobiliser contre la conférence de Quintin le 13 janvier.

Pour aller plus loin sur le B19, John-Alexander Bogaerts et l’extrême droite nous vous invitons à consulter le travail d’enquête du collectif Vigilance Cordon Sanitaire.


Sources :

Vigilance cordon sanitaire, John-Alexander Bogaerts, l’héritier : le B19 et le PAN https://vigilancecordonsanitaire.be/?p=219

John-Alexander Bogaerts et ses réseaux : extrême droite, MR et médias https://vigilancecordonsanitaire.be/?p=248

Pluralisme en France : sur CNews, le grand contournement https://rsf.org/fr/pluralisme-en-france-sur-cnews-le-grand-contournement