
En décembre, la lutte continue contre les mesures anti-sociales du gouvernement Arizona. Plusieurs mobilisations syndicales sont programmées. Ces actions interviennent alors que la colère sociale et ses revendications sont complètement ignorées par les pouvoirs politiques et que les discussions entre syndicats et autorités sont au point mort.
Enseignement secondaire : une mobilisation sans précédent, de nouvelles grèves en préparation
Près de 200 enseignant·es se sont rassemblés début décembre sur la place de la Résistance à Anderlecht, représentant tous les réseaux et niveaux d’enseignement. Des mobilisations similaires ont eu lieu à Jette, avec des discussions en cours à Saint-Gilles et Ixelles.
Des bulletins blancs en guise de protestation
Plusieurs établissements ont remis des bulletins blancs aux élèves. Au Collège Matteo Ricci d’Anderlecht, les 620 élèves ont reçu des bulletins vierges où figuraient, à la place des notes, une liste des mesures gouvernementales contestées : diminution des moyens pour l’enseignement différencié, fin des sorties et voyages scolaires, augmentation de la charge de travail des enseignants.
Cette action fait écho à d’autres initiatives similaires, notamment à l’Institut de la Providence à Woluwe-Saint-Lambert et au Lycée Martin V à Louvain-la-Neuve. À l’école Ma Campagne d’Ixelles, les enseignant·es ont même organisé un boycott complet des cours jusqu’au 18 décembre, avec suspension des réunions, bulletins et évaluations.
Les revendications des enseignants
- Augmentation du temps de travail : une hausse projetée de 10% dans le degré supérieur
- Réduction de l’encadrement différencié : particulièrement préjudiciable aux établissements les plus fragilisés
- Suppression de classes et réduction d’heures qui s’accumulent année après année
- Charge administrative croissante alors que les enseignant·es s’investissent déjà bénévolement pour maintenir la qualité d’enseignement.
Face à cette contestation, la ministre de l’Éducation Valérie Glatigny a publié une circulaire rappelant les obligations professionnelles des enseignant·es et l’interdiction de toute activité de propagande politique dans les établissements. Le document évoque des « situations et faits interpellants » et menace de sanctions disciplinaires, voire de licenciements, en cas d’infraction.
Les syndicats n’excluent pas une escalade du conflit. La référence aux grandes grèves de 1996, qui avaient paralysé l’enseignement pendant plusieurs mois, revient régulièrement.
De plus en plus d’écoles décident également de remettre les bulletins scolaires avec une semaine de retard pour dégager du temps et organiser des discussions avec les parents sur la situation actuelle et les réformes contestées
Enseignement supérieur : mobilisation le 11 décembre
Une manifestation d’envergure est prévue, avec un cortège de la VUB jusqu’à la place du Luxembourg. Les syndicats des universités et hautes écoles de Wallonie, Flandre et Bruxelles marcheront ensemble contre les restrictions budgétaires successives. Les intervenant·es alertent notamment sur la dégradation de la qualité de l’enseignement.
- Plus de 1 000 emplois seraient menacées dans l’enseignement supérieur
- Les étudiant·es, particulièrement les boursier·ères, font face à un avenir de plus en plus précaire : Une augmentation potentielle des frais d’inscription est évoquée (jusqu’a 1 200 euros pour les boursier·ères belges, 3 000 pour les étudiant·es européen·nes, et 5 000 hors Europe)
Pompiers : ultimatum au 15 décembre
Les pompiers menacent de se mobiliser si le ministre de l’Intérieur ne les reçoit pas avant cette date. Les syndicats réclament une rencontre depuis avril dernier pour aborder plusieurs enjeux qui menacent leur activité :
-
- Manque chronique de personnel
- Conséquences de la réforme des pensions
- Flou concernant le statut du personnel des zones de secours
- Besoin de moyens supplémentaires pour la formation
Commerce et distribution : préavis déposé
-> Préavis actif depuis le 4 décembre
-> Négociations jusqu’au 17 décembre
Un préavis déposé signifie qu’un avertissement officiel de grève a été formellement remis aux autorités ou à l’employeur, annonçant l’intention de faire grève si les négocations n’aboutissent pas.
- Aucune action concrète n’est planifiée dans l’immédiat, les négociations se poursuivant jusqu’au 17 décembre
- Les syndicats s’opposent aux projets gouvernementaux concernant :
- L’annualisation du temps de travail
- L’assouplissement du travail à temps partiel
- Les horaires nocturnes
- L’ouverture des commerces le dimanche
- Ils et elles réclament également une harmonisation des commissions paritaires du secteur*
Secteur public local : tensions à Saint-Josse
Le personnel communal et les syndicats préparent de nouvelles actions pour dénoncer l’absence annoncée de prime de fin d’année. L’incertitude concernant les chèques-repas pour 2026 cristallise les tensions
-> Les employé·es ont donné mandat aux organisations syndicales pour organiser au moins une journée de grève, voire plusieurs si nécessaire
Transports : vigilance maintenue
Les syndicats des transports en commun et du secteur aérien n’ont pas annoncé d’actions immédiates. Ils n’excluent pas de nouvelles mobilisations après la grève nationale inédite de trois jours fin novembre.
Si ces mouvements sociaux sont pour l’instant programmés et encadrés, la situation reste particulièrement volatile. Les négociations au point mort dans plusieurs secteurs et le climat social tendu laissent planer la menace de mobilisations spontanées qui pourraient éclater à tout moment. La Belgique n’est donc pas à l’abri de nouveaux mouvements et contestations sociales dans les semaines à venir.
Si rien n’est dit sur l’ampleur et la longévité de la mobilisation contre les mesures anti-sociales de l’Arizona, cela n’empêche que la colère populaire se maintient. Dans de nombreux secteurs, les actions se multiplient et des nouvelles formes contestations sociales apparaissent face au manque de prise en compte des différentes personnalités politiques.
Légende :
Les commissions paritaires sont des organes de négociation réunissant à parts égales des représentants des employeurs et des travailleurs d’un même secteur, qui définissent ensemble les conditions de travail, les salaires et les droits sociaux applicables dans ce secteur. Le secteur du commerce demande que les règles de travail et les conditions salariales soient unifiées entre les différentes commissions paritaires qui régissent leur secteur professionnel.
Sources :
Belga/BruxellesToday. (2025, 6 décembre). Enseignement, supermarchés… ce que l’on sait des grèves prévues en décembre. https://www.bruxellestoday.be/actualite/-greves-prevues-decembre.html#:~:text=Dans%20le%20secteur%20du%20commerce,poursuivant%20jusqu’au%2017%20d%C3%A9cembre.
Sudinfo.(2025, 8 décembre). Les professeurs du Collège Matteo Ricci, à Anderlecht, ont remis des bulletins blancs aux élèves : « C’est choquant, mais ce qu’a fait le gouvernement est aussi choquant ». https://www.sudinfo.be/id1080456/article/2025-12-08/les-professeurs-du-college-matteo-ricci-anderlecht-ont-remis-des-bulletins
Belga. (2025, 5 décembre). Bientôt la fin de la nomination des profs ? Valérie Glatigny se prononce. Le Soir. https://www.lesoir.be/715141/article/2025-12-05/bientot-la-fin-de-la-nomination-des-profs-valerie-glatigny-se-prononce
La Libre. (2025, 26 novembre). Valérie Glatigny rappelle les professeurs à l’ordre après « différentes situations et faits interpellants » liés à la grève. https://www.lalibre.be/belgique/enseignement/2025/11/26/valerie-glatigny-rappelle-les-professeurs-a-lordre-apres-differentes-situations-et-faits-interpellants-lies-a-la-greve-63VP7DFHVBBONHZMCL5AWA4U6Q/
Belga. (2025, 4 décembre). « On nous demande toujours plus » : près de 200 enseignants mobilisés à Anderlecht contre les réformes de l’enseignement. https://www.lalibre.be/belgique/enseignement/2025/12/04/on-nous-demande-toujours-plus-pres-de-200-enseignants-mobilises-a-anderlecht-contre-les-reformes-de-lenseignement-7T4HJZIXBJBZ5M7JWHVZ4XHLRI/
