
Le 12 mai dernier, Christophe Amine Chollet est décédé après avoir été percuté par un combi de police dans le quartier des Marolles à Bruxelles. Après son décès, différentes révélations concernant les circonstances de la mort sont apparues dans la presse. Dans un premier temps, des voisins présents au moment des faits ont rapporté que les policiers n’avaient pas enclenché leurs gyrophares avant d’entrer en collision avec la moto que conduisait Christophe Amine Chollet. Par la suite, on apprenait que le policier qui conduisait le véhicule impliqué dans la collision roulait sans permis de conduire depuis 2023.
À ce jour, de nombreuses zones d’ombre subsistent quant à la manière dont la police et la justice traitent cette affaire. Nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec l’avocate de la famille de Christophe Amine Chollet afin de mettre en lumière une partie des incompréhensions qui subsistent dans l’affaire.
Premièrement, une zone d’ombre demeure quant à la façon dont le policier qui a percuté et tué Christophe Amine Chollet a été jugé. En effet, à ce stade, il n’a été poursuivi que pour avoir conduit sans permis depuis plusieurs années. Il a ainsi été condamné à une peine d’un an de prison et à 8 000 euros d’amende. Or, cette sanction, en lien avec une infraction routière, a été totalement dissociée du fait que le policier a ôté la vie à Christophe Amine Chollet. Lors du procès, le décès de C.A. Chollet a été à peine mentionné. Il s’agissait en réalité de juger le policier uniquement pour une infraction de « roulage ».
Cet élément a été vécu comme une profonde violence par les proches de C.A. Chollet. En dissociant la collision mortelle de l’infraction routière du policier, la justice empêche ses proches de se reconnaître comme victimes dans cette affaire. Le lien entre ces faits semble pourtant évident : jamais une telle situation ne serait tolérée en dehors du cadre des violences policières. Il paraît impensable, par exemple, qu’une personne ivre ou sans permis ayant mortellement renversé un piéton ne soit pas tenue responsable de ce décès.
Au-delà de cette incohérence juridique, l’avocate de la famille nous a également signalé qu’aucune expertise automobile ne lui avait encore été transmise. Or, il est fréquent que des expertises de ce type ne prennent pas autant de temps. Ce laps de temps durant lequel l’expertise automobile n’a pas encore été communiquée renforce ainsi un sentiment de méfiance pour les proches de C. A. Chollet, d’autant plus qu’elle pourrait fournir des éléments déterminants pour établir la responsabilité policière.
L’expertise automobile donnerait notamment accès à la boîte noire du véhicule, et celle-ci permettrait de connaître la vitesse du véhicule au moment de l’impact, ainsi que le contenu des enregistrements audio de la police et des dispatchings de l’ensemble de la zone de police de Bruxelles-Midi.
L’inaccessibilité de cette expertise renforce le sentiment d’injustice et alimente la crainte que ce prétendu « accident » de la route ait pu être intentionnel. Comme le souligne l’avocate de la famille : « Nous remettons fortement en cause le prétendu hasard de cette collision. Des témoins présents sur place ont expliqué que C.A. Chollet est mort sur le coup, immédiatement après avoir été projeté à plusieurs mètres suite à la collision avec le combi de police. »
Les différents éléments réunis autour de la mort de Christophe Amine Chollet montrent des défaillances dans le traitement judiciaire et policier de l’affaire. L’absence de prise en compte du décès, le jugement dissocié des faits et le retard dans l’expertise automobile soulèvent de sérieuses interrogations quant à la volonté d’établir la responsabilité policière.
Face à cette situation, l’avocate de la famille de Christophe Amine Chollet a elle-même déposé une plainte auprès du Comité P*, le 24 juin dernier.
En attendant que l’affaire suive son cours, nous affirmons tout notre soutien aux proches de Christophe Amine Chollet face à l’ensemble des violences qu’ils et elles continuent de subir.
Depuis 2017, au moins 8 personnes ont été tuées à la suite d’une intervention policière impliquant un véhicule de police : Mehdi en 2019, Adil en 2020, Sabrina et Ouassim en 2017, Christophe Amine en mai 2025 et Fabian 11 ans et Jidel 9 ans ainsi qu’un jeune homme de 19 ans en juin de cette année.
Légende :
- Comité P : C’est l’organe externe de contrôle de la police. Elle est chargée du contrôle du fonctionnement global des services de police et de l’exécution de la fonction de police par l’ensemble des fonctionnaires compétents des services d’inspection ou de contrôle.