Attaques racistes à Bruxelles : des mineurs de moins de 15 ans arrêtés et violentés par la police

   

Lundi 5 mai, au lendemain des affrontements qui ont eu lieu à la suite des agressions racistes perpétrées par des supporters d’extrême droite du club de Bruges, les forces de l’ordre bruxelloises ont déployé un vaste dispositif policier et procédé à de nombreuses arrestations préventives* dans le centre de Bruxelles. Parmi celles-ci, un groupe d’adolescents a été victime d’arrestations, particulièrement violentes près de Rogier alors qu’aucun d’entre eux n’avait commis de délit. Cette intervention policière, faite sans le moindre motif, soulève la question de la teneur raciste des arrestations préventives tant cette intervention était basées sur le profil des individus arrêtés et non sur des délits qu’ils auraient potentiellement commis. De plus, les arrestations de mineurs sont particulièrement traumatisantes pour les individus qui les subissent et leurs familles.

Rappelons aussi que la loi insiste sur le fait que les arrestations de mineur·es, quand elles sont faites, doivent êtres absolument nécessaires pour le maintien de l’ordre. Dans ce cas, l’arrestations d’adolescent·es et d’enfants n’était pas nécessaire mais arbitraire.

Une personne qui a assisté à ces arrestations de mineurs à Rogier et qui a accepté de témoigner dans le cadre de cet article explique :

« Aux alentours de 17h, je descendais à vélo de Botanique, quand en passant devant le métro Rogier, j’ai vu qu’il y avait plein de fourgons (4-5) et 3 voitures de police. Je me suis alors arrêté·e et j’ai vu une quinzaine d’enfants à plat ventre le long d’un mur, entourés de policiers et cachés par les fourgons. Les policiers les ont fouillés un par un. C’était tous des mineurs racisés, que des mecs de pas plus de 15 ans. »

« Après les avoir fouillés, les policiers les ont mis en file indienne assis au sol, les mains colsonnées dans le dos. Ils ont été embarqués dans 3 fourgons différents. »

La personne témoin de ces arrestations a alors discuté avec un autre groupe de jeunes aux abords de la scène d’arrestation. Ces derniers ont expliqué qu’ils étaient simplement posés à Rogier quand la police est venue les contrôler sans raison. Ils se seraient alors enfuis en courants, avant qu’une partie d’entre eux se fasse violemment plaquer au sol par les policiers. Une des personnes a affirmé que « parmi les enfants arrêtés, un devait être âgé d’à peine 8 ans.« 

Plus tard dans la soirée, le rassemblement quotidien en soutien à la Palestine était menacé d’attaques par le même groupe d’hooligans fascistes de la veille. En réaction à ces menaces, des centaines de personnes s’y sont rassemblés. Aux alentours de 21h le rassemblement est parti en direction de la porte de Ninove et de la Rue Dansaert.

Outre les débordements qui ont eu lieu à la fois au niveau de la rue Dansaert et de la porte de Ninove, notons que des arrestations à nouveau particulièrement violentes et ciblées sur les personnes non-blanches se sont reproduites.

Une personne qui s’est faite arrêtée au moment des des faits nous raconte :

« Les policiers étaient super violents au moment des arrestations, je me suis fait écraser au sol pendant qu’un policier me mettait ses doigts dans l’œil et d’autres personnes été violentées. Dans les personnes arrêtées, il n’y avait qu’une personne blanche pour 12 arrestations. Les policiers visaient systématiquement des personnes racisées du quartier, à tel point qu’un homme qui se rendait à la salle de sport a été arrêté alors qu’il ne faisait rien. »

Au moment de la rencontrer, la personne interviewée avait encore les traces des nombreux coups qu’il avait reçus aux yeux et sur le visage.

Ces violences policières s’inscrivent également dans un phénomène plus large de désenfantilisation des enfants non-blancs, c’est-à-dire leur perception et traitement comme des adultes menaçants, plutôt que comme des enfants à protéger. Cette logique racialisée de suspicion et de répression touche particulièrement les jeunes garçons noirs et arabes.

En France, la mort de Nahel, 17 ans, tué à bout portant par un policier lors d’un contrôle routier, a choqué le pays et mis en lumière cette violence institutionnelle : un adolescent sans arme, sans menace, mais perçu comme un danger à neutraliser. En Belgique, le cas de Mathis, un jeune enfant noir de 9 ans plaqué au sol par la police en 2023, témoigne du même mépris pour l’enfance racisée. Ces exemples illustrent une politique sécuritaire où les enfants non blancs ne sont plus perçus comme vulnérables, mais comme des cibles légitimes d’intervention brutale, effaçant toute présomption d’innocence et toute protection liée à leur âge.

Ces arrestations violentes et arbitraires montrent une partie de l’intention policière bruxelloise: Si les forces de l’ordre ont su montrer leur efficacité quand il s’agissait de réprimer les contestations venues des habitant.es des quartiers touchés par ses attaques racistes tout en allant jusqu’à arrêter des enfants et adolescents innocents, la veille leur efficacité a semblé plus questionnable quand il était question d’encadrer des hooligans pourtant connus pour leur violence et leur idéologie néo-fasciste.

Parallèlement à ces violences policières, des rassemblements de soutien à ces attaques ont eu lieu à Bruxelles. Des personnes sont venues déposer des fleurs en soutien aux riverain.es aggressé.es mardi à 17h à Molenbeek.

Légende :
arrestation préventive : L’arrestation préventive est une mesure exceptionnelle et provisoire de privation de liberté que subit un individu présumé innocent – mais contre lequel il existe des raisons sérieuses de croire qu’il a commis un crime ou un délit. Il est fréquent que des arrestations préventives soient faites sur des personnes uniquement en fonction de leurs origines ou de leurs profils. Ce type d’arrestation est aussi lié à ce que l’on nomme les arrestation au « faciès », faites en fonction de la « tête » de la personne.


Sources :
témoignages
https://bruxellesdevie.com/2023/07/03/bruxelles-arrestations-preventives-et-racistes-de-mineurs/
https://bruxellesdevie.com/2025/01/22/mathis-9-ans-plaque-au-sol-par-des-policier%c2%b7eres-affaire-classee-sans-suite/