TotalEnergies possède un grand site pétrochimique à Feluy, dans le Hainaut. C’est un complexe immense, qui nourrit presque l’intégralité de la Wallonie en essence. Au-delà de l’essence, Total y produit aussi des « pellets », ou « granulés plastiques industriels », qui se répandent en très grand nombre à des kilomètres à la rond, où ils polluent les sols, les eaux, … Cela fait 16 ans que la première plainte à ce sujet a été déposée, mais la multinationale continue.
A Écaussinnes et Seneffe, deux communes voisines du zoning de Feluy, les granulés en plastiques sont partout. A l’oeil nu, on en aperçoit des milliers. Les berges des rivières, les prairies où les bestiaux mangent, les parcelles où les céréales poussent, … Tout est infesté : « Par endroit, on ne fait plus la différence entre la terre et le plastique »1 explique une personne en charge du dossier.
Total produit 1,2 million de tonnes de ces granulés par an. Nombreux sont ceux qui s’échappent à cause d’un « un processus industriel négligent » qui peut occasionner des pertes « à chaque étape de la chaîne du plastique : lors du stockage, du nettoyage, du chargement, du déchargement… »1, d’après Arnaud Guérard, échevin à l’environnement d’Écaussinnes.
Depuis 16 ans, Total n’a mis en place que de faibles procédures qui réduisent marginalement la quantité de granulés rejetés. Pourtant, ceux-ci peuvent « libérer des polluants organiques persistants — PCB, phtalates, métaux lourds, DDT — et contaminer toute la chaîne alimentaire » 1. Les habitant·es se sont habitué·es à les voir mais la colère reste intacte « On parle d’une multinationale qui réalise des mégaprofits. Le reste, tout ce qui vit autour, peut crever »1.
En 16 ans, les agents communaux et la police de l’environnement ont constaté des infractions à répétition. Une information judiciaire a finalement été ouverte par le Parquet de Charleroi ; une enquête est en cours. Une question demeure : Comment Total et les entreprises de transports qui y sont liées peuvent-elles réparer le mal qu’elles ont fait ? Nettoyer complètement la région semble mission impossible, tant les granulés ont infiltrer les sols et même la chaîne alimentaire.
Crédit photo : Alexandre-Reza Kokabi / Reporterre
Sources :
Bruxelles Dévie 